École et santé mentale : pourquoi le bien-être émotionnel reste-t-il secondaire ?
Alors que les enjeux liés à la santé mentale des jeunes sont de plus en plus visibles, l’école — lieu central de leur vie quotidienne — peine encore à faire du bien-être émotionnel une véritable priorité. Stress, anxiété de performance, isolement, épuisement psychologique : ces difficultés sont vécues par un grand nombre d’élèves, parfois dès le plus jeune âge. Pourtant, la réponse institutionnelle reste souvent limitée, ponctuelle ou symbolique. Pourquoi la santé mentale peine-t-elle à trouver sa place dans le monde scolaire ? Qu’est-ce qui empêche encore de la considérer comme un pilier de la réussite éducative ?
Une école centrée sur les résultats
Depuis des décennies, le système scolaire met l’accent sur les résultats académiques, les compétences évaluables, la performance mesurable. Réussir à l’école, c’est souvent obtenir de bonnes notes, passer les examens, décrocher des diplômes.
Dans cette logique, le bien-être psychologique est vu comme un facteur secondaire, voire extérieur à l’apprentissage. Il est rarement intégré à la définition même de la réussite. Or, on oublie trop souvent qu’un élève en détresse émotionnelle n’est pas en capacité d’apprendre pleinement, même s’il a du potentiel ou de la volonté.
La santé mentale encore perçue comme un sujet à part
L’éducation à la santé mentale est rarement incluse dans les programmes scolaires. Elle n’est ni enseignée comme une compétence essentielle de la vie, ni abordée de manière systématique au même titre que l’éducation civique ou physique.
Résultat : le sujet n’est traité que de manière ponctuelle, lors de journées thématiques, d’interventions extérieures ou de projets spécifiques. Il n’est pas considéré comme un enjeu transversal de l’éducation. Cette approche marginale entretient l’idée que la santé mentale est un « problème individuel », et non une dimension fondamentale de l’environnement scolaire.
Des adultes peu formés et souvent démunis
Les enseignants et les personnels éducatifs sont souvent les premiers à observer les signes de mal-être chez les élèves. Mais ils manquent encore, dans beaucoup de cas, de formation spécifique pour les repérer, les comprendre et y répondre de manière adaptée.
Faute de temps, de moyens ou de soutien institutionnel, beaucoup d’entre eux se sentent impuissants ou craignent d’intervenir dans un domaine qu’ils ne maîtrisent pas. Cette absence de repères professionnels peut conduire à une forme de distance, parfois involontaire, vis-à-vis des souffrances psychiques des élèves.
Un manque de moyens humains et structurels
Les psychologues scolaires, les infirmiers, les assistants sociaux ou les CPE sont souvent en sous-effectif. Dans certains établissements, il n’y a qu’un seul professionnel pour plusieurs centaines d’élèves. Et les délais pour accéder à une aide peuvent être longs, même en cas d’urgence.
Sans ressources suffisantes, même les bonnes intentions restent lettre morte. Le manque de suivi psychologique intégré au parcours scolaire prive les élèves d’un accompagnement régulier et adapté. Ce déficit renforce l’idée que la santé mentale est un luxe, ou une affaire privée.
Une culture de la pression et du silence
Le système éducatif valorise encore largement l’endurance, la rigueur, la compétition. Dans ce contexte, exprimer sa fatigue, son stress ou ses angoisses peut être vu comme un aveu de faiblesse. Beaucoup d’élèves apprennent à taire leurs émotions, à faire « comme si », à avancer malgré tout.
Cette culture du silence est renforcée par la peur du regard des autres, de la stigmatisation ou de conséquences scolaires. Résultat : le mal-être se vit souvent dans l’ombre, jusqu’à ce qu’il devienne insupportable ou visible de manière brutale (crise, décrochage, auto-agression…).
L’absence d’un vrai espace pour parler
Les élèves n’ont que très peu d’espaces dédiés à la parole émotionnelle. Le quotidien scolaire est rythmé, encadré, parfois surchargé. Peu d’occasions permettent d’aborder en profondeur ce que l’on ressent, ce que l’on traverse, ce qui pèse.
Quand un élève va mal, il ne sait pas toujours à qui s’adresser, ni comment. Certains établissements mettent en place des dispositifs d’écoute, mais ils restent souvent discrets, peu connus, ou peu accessibles. Le besoin est là, mais l’offre est encore insuffisante.
Un décalage avec les réalités des jeunes
Les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans un monde marqué par des incertitudes : crise climatique, instabilité sociale, pression numérique, solitude croissante… Ils sont de plus en plus exposés à des formes de stress inédites, y compris en dehors de l’école.
Pourtant, le système scolaire continue souvent à fonctionner comme si les élèves étaient des « apprenants neutres », déconnectés de leur vie intérieure. Ce décalage entre leurs réalités émotionnelles et le fonctionnement institutionnel crée un sentiment d’incompréhension, voire de déconnexion.
Redonner une place centrale au bien-être émotionnel
Pour que le bien-être psychologique soit enfin reconnu comme un élément central de l’école, plusieurs évolutions sont nécessaires :
- Inclure la santé mentale dans les programmes : à travers des cours, des ateliers, ou des projets pédagogiques.
- Former les enseignants et personnels éducatifs à la détection du mal-être et à la posture d’écoute.
- Renforcer les équipes de soutien psychologique dans tous les établissements, du primaire au lycée.
- Créer des temps et des espaces de parole réguliers, encadrés et sécurisés.
- Valoriser l’expression émotionnelle comme compétence éducative, au même titre que le raisonnement ou la créativité.
Une école qui prend soin, c’est une école qui fait grandir
La mission de l’école n’est pas seulement d’instruire, mais aussi d’éduquer, d’accompagner, de préparer à la vie. Et dans ce monde incertain, cela passe par la capacité à reconnaître et à soutenir le bien-être psychologique des élèves.
Faire une vraie place à la santé mentale à l’école, ce n’est pas « en faire trop ». C’est reconnaître une réalité, donner des outils, prévenir la souffrance plutôt que de la gérer dans l’urgence. C’est, en somme, construire une école plus humaine — et donc, plus efficace.
École
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Des difficultés relationnelles, le stress au travail ou à l’école, des expériences traumatisantes, etc… peuvent être la cause des problèmes psychologiques. Mais bien souvent, on n’arrive pas à savoir quelle est réellement la raison de ce « mal-être ». Parfois, la solution viendra de vous-même, de votre famille ou de vos amis. Mais dans le cas contraire; consulter un thérapeute peut vous aider. Votre médecin généraliste peut vous adresser à un thérapeute mais vous êtes aussi libre d’en choisir un par vous-même.
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